Trois icônes de la Belle Epoque

Reutlinger ~La Belle Otero,c.1895
Elle eut une vie difficile avant d’acceder à la gloire: elle naquit dans une famille très pauvre; son père avait abandonné sa mère, qui chassa sa fille lorsque elle avait douze ans. Elle tenta sa chance à Barcelone puis à Paris comme danseuse de cabaret, eut des liaisons avec des personnages du « beau monde », et mourut seule et oubliée à l’âge de 96 ans. Sur ces superbes photographies de Charles Reutlinger, l’un des deux plus grands photographes de son époque (l’autre étant Nadar), la robe qu’elle porte est une tenue de scène. La taille des manches accentue la minceur de la taille, tandis que les bijoux, loin d’alourdir la silhouette malgré leur nombre, rehausse sa beauté.
Elle fut danseuse au Cirque d’Eté, puis au Casino de Paris, aux Menus-Plaisirs, aux Folies Bergères, à la Scala et au théâtre des Variétés. Elle était une grande amie de Caroline Otéro, la Belle Otéro. Elle fut la première femme à porter les chapeaux de Chanel, qu’elle contribua à lancer.
Liane de Pougy fut la grande rivale d’Otéro. Tout comme les deux premières, elle était danseuse de cabaret et courtisane. Mariée à dix-sept ans à un homme violent, elle en divorce deux ans plus tard après avoir fui à Paris. Dans la capitale, elle est prise en charge par un auteur dramatique, Henri Meillac, qui lui fait prendre des cours de danse et la fait engager aux Folies Bergères. Elle se lance en parallèle dans une carrière de courtisane. Se repentant de la vie immorale qu’elle avait menée, elle meurt à 82 ans dans un couvent dans lequel elle était entrée comme novice à l’âge de 76 ans.
Pourquoi ai-je choisi ces trois femmes? D’abord à cause de leurs relations: toutes trois se connaissaient. Emilienne d’Alençon était la grande amie de Caroline Otéro qui était la grande rivale de Liane de Pougy. On les nommait « les trois grâces » (non, pas grasses… oui je sors). Ensuite parce qu’elles sont trois icônes de mode: leur style était suivi, admiré ou critiqué, mais ne laissait jamais indifférent. Liane de Pougy, par exemple, fut habillée par Madeleine Vionnet, et Emilienne d’Alençon porta les chapeaux de Chanel. Enfin à cause de cette volonté qu’elles avaient, toutes trois, de sortir de la fange où elles étaient nées et de réussir. Elles n’ont pas été heureuses, en tout cas pas toujours, mais l’auraient-elles été malgré tout, si elles n’avaient pas cherché la reconnaissance sociale?
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